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Le Foreign Service Office et l’attaque contre les syndicats de fonctionnaires

Un récent article du Ottawa Citizen portant sur la manière dont nos collègues du service extérieur tentent d’obtenir des conditions d’emploi plus équitables concluait par les deux paragraphes suivants :

 [traduction] « Cependant, les syndicats affrontent le gouvernement dans un milieu de travail hostile. Après l’adoption du projet de loi controversé qui a obligé les syndicats à divulguer leurs opérations financières, y compris leurs activités politiques, il est à présent question d’abolir la formule Rand et de déposer un projet de loi sur le « droit au travail ».

Parallèlement, les spéculations vont bon train sur la volonté du gouvernement d’éliminer les congés de maladie accumulés, de repenser la gestion des dossiers d’invalidité et de changer radicalement la gestion des relations de travail au sein de la fonction publique fédérale. »

Ces deux paragraphes, tout au bas de l’article, condensent beaucoup d’information dans un résumé de 75 mots sur la lourde tâche qui attend les syndicats – et en particulier les syndicats de fonctionnaires.

Pour ceux et celles qui ne le savent pas, les syndicats sont à l’heure actuelle remis en question au Canada et partout dans le monde. À en juger par leurs actes, nos politiciens cherchent de toute évidence à miner le pouvoir de négociation collective des groupes de travailleurs et de travailleuses.

Le projet de loi C-377 récemment adopté à la Chambre des communes est une mesure législative inconstitutionnelle qui impose exclusivement aux syndicats des exigences encombrantes en matière de rapports financiers. En élaborant des règlements qui visent uniquement les organisations démocratiques, privées, qui œuvrent pour le compte des bassins de main-d’œuvre, il est évident que ce projet de loi a pour seul objet d’affaiblir la partie syndicale de la balance du pouvoir patronal-syndical.

D’autre part, nos politiciens tentent actuellement d’abolir la formule Rand par le recours à une loi sur le « droit au travail » semblable à celle des É.-U., aux paliers tant national que provincial en Ontario et en Saskatchewan. La formule Rand est une loi du travail établie par le juge de la Cour suprème Ivan Rand en 1940, qui rend les cotisations syndicales obligatoires pour tous les travailleurs et les travailleuses en milieu de travail syndiqué parce qu’ils jouissent des avantages collectifs.

Les lois sur le droit au travail permettraient aux travailleurs et aux travailleuses de ne pas verser de cotisations syndicales en leur conférant le droit de décider s’ils veulent ou non contribuer à l’amélioration des salaires, des avantages sociaux et des protections en milieu de travail que leur syndicat obtient pour leur compte, ou de s’en prévaloir sans qu’il ne leur en coûte rien. Les opposants aux lois sur le droit au travail les qualifient de « droit au travail pour moins », compte tenu des incidences négatives que ces lois auraient sur les salaires, les avantages sociaux et la sécurité d’emploi dans les emplacements où elles ont été mises en œuvre.

Ces récents développements sont les mesures antisyndicales les plus effrontées à être prises jusqu’ici, mais la tendance est amorcée depuis déjà quelque temps. Vous vous rappellerez peut-être des causes fort publicisées en 2011, où la ministre du Travail Lisa Raitt s’est interposée dans plusieurs négociations distinctes, notamment Air Canada, supprimant le seul levier de négociation dont ces travailleurs et ces travailleuses disposaient en imposant le retour au travail par voie législative. Mais, de fait, le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux ont, depuis 1982, adopté en douce 200 lois du travail limitant la négociation collective et les droits des syndicats.

Et puis après, dites-vous? Les groupes de travailleurs et de travailleuses protègent les droits et les avantages sociaux de ceux-ci. À mesure que les gouvernements capitulent devant les pressions industrielles dans une course mondiale vers la main-d’œuvre le meilleur marché possible, les syndicats constituent les seules forces compensatoires pour défendre les intérêts des travailleurs et des travailleuses.

Il est bien documenté que les syndicats améliorent les salaires et les avantages sociaux non seulement de leurs membres, mais que ces avantages se répercutent aussi dans les secteurs non syndiqués qui doivent livrer concurrence pour les compétences. En outre, la densité de la syndicalisation est en corrélation avec l’inégalité des revenus faibles, une classe moyenne plus solide, un taux de chômage plus faible, un taux de productivité nationale plus élevé et des redressements plus rapides de récessions économiques.

Comme citoyens et citoyennes, nous devons prendre nos dirigeants élus à partie quant à savoir quels sont les intérêts qu’ils défendent en présentant des mesures législatives ciblées visant à miner votre droit à la négociation collective.

Si vous croyez que les syndicats sont inutiles au Canada parce que les avantages sociaux que nous tenons pour acquis semblent protégés, voyez combien rapidement ces avantages sociaux pour lesquels les générations antérieures se sont battues sont en voie de s’effriter, de l’âge de la retraite aux prestations de pension en passant par l’assurance-emploi.

Si vous croyez que vous seriez mieux sans votre syndicat, lisez le récent Mémoire d’arbitrage du groupe FI de l’Employeur pour voir l’orientation que celui-ci veut donner à vos taux de rémunération, avantages sociaux et conditions de travail : des « augmentations » salariales inférieures au coût de la vie et, qui pis est, à la valeur marchande; l’échange de l’indemnité de départ en cas de cessation d’emploi volontaire contre 30 % de sa valeur; des droits à congé moins souples; et la réticence à éliminer le harcèlement en milieu de travail.

Il faut reconnaître que les syndicats ne sont pas tous parfaits. Certains s’adonnent à la mauvaise gestion de fonds. D’autres perdent de vue leur raison d’ètre. Toutefois, tous les types d’organisations, qu’il s’agisse de sociétés, d’organisations caritatives, de partis politiques, de conseils scolaires ou de syndicats de copropriété, sont aux prises avec de tels problèmes. Quelle que soit la taille de l’échantillon, on trouvera toujours quelques pommes pourries.

Les Canadiens et les Canadiennes ont à cœur la justice, l’égalité et le vrai processus démocratique. Malgré qu’ils puissent être vilipendés dans les médias, les syndicats défendent tous ces intérêts. Les droits des syndicats sont les droits de la personne. Quand leur pouvoir leur sera enlevé, qui restera-t-il pour défendre ces idéaux?

Les groupes de travailleurs et de travailleuses partout dans le monde, y compris l’ACAF, se mobilisent rapidement pour protéger notre niveau de vie. Aujourd’hui plus que jamais encore dans son histoire, votre Association a besoin de votre appui pour protéger les droits, les libertés et les conditions de travail qui font de la qualité de vie au Canada l’une des meilleures au monde.

Je vous incite tous et toutes à vous renseigner sur la lutte pour les droits du travail qui se déroule dans notre propre cour et à en discuter avec vos amis, votre famille, vos collègues et vos voisins.

Voici d’excellentes sources pour vous tenir au courant :

All Together Now (NUPGE) http://alltogethernow.nupge.ca/

Le Congrès du travail du Canada http://canadianlabour.ca/

The Canadian Foundation for Labour Rights http://www.labourrights.ca/

Quality Public Services http://www.qpsactionnow.org/

 

Milt Isaacs, CMA, CPFA
Président, Association canadienne des agents financiers

19/04/2013

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